Depuis la disparition programmée de la loi Pinel et face à une crise du logement qui ne faiblit pas, le gouvernement a engagé, en mars 2025, une mission parlementaire destinée à créer un cadre fiscal plus simple et plus durable pour les propriétaires louant à titre non professionnel.
Ce futur statut de bailleur privé promet un abattement fiscal annuel grâce à l’amortissement du bien, à condition de pratiquer des loyers modérés et de respecter des standards énergétiques exigeants (DPE A ou B, RE2020).
Autrement dit, il s’agit d’un dispositif universel qui pourrait remplacer dès 2026 l’empilement actuel d’aides Pinel, Denormandie, Cosse, déficit foncier,tout en redonnant de la visibilité aux investisseurs et en améliorant l’offre de logements abordables.
Dans ce guide, vous découvrirez :
Un bailleur privé est un propriétaire non-professionnel – personne physique ou SCI familiale – qui met un ou plusieurs logements en location sur le marché libre. Contrairement au marchand de biens ou au promoteur, il conserve la propriété et perçoit des revenus fonciers soumis à l’impôt (micro-foncier ou régime réel).
En d’autres termes, c’est le « proprio » classique qui loue son studio, son T3 ou l’immeuble de famille pour générer un complément de revenus et se constituer un patrimoine locatif durable.
| Critères | Bailleur privé | Bailleur social (HLM, coopérative, SEM) |
|---|---|---|
| Statut juridique | Personne physique ou morale de droit privé | Organisme agréé par l’État |
| Objectif principal | Rentabilité personnelle, valorisation du bien | Mission d’intérêt général : offrir des loyers sociaux |
| Mode de fixation des loyers | Loyers de marché ou plafonnés (Pinel, Denormandie, futur statut bailleur privé) | Loyers réglementés (PLAI, PLUS, PLS) |
| Financement | Fonds propres + crédit bancaire | Prêts CDC, subventions, TVA 5,5 % |
| Gestion locative | Directe ou via agence/mandataire | Internalisée (OPH, SA HLM) |
| Contrôle de l’État | Limité (encadrement possible en zone tendue, DPE) | Fort : conventions APL, agréments, plafonds stricts |
Le futur statut bailleur privé se veut un pont entre ces deux univers :
À retenir : Le bailleur privé reste un acteur clé du logement en France. Demain, grâce au statut bailleur privé, il pourra conjuguer rentabilité, avantages fiscaux et responsabilité sociale – sans basculer dans la lourde réglementation des bailleurs sociaux.
| Année | Fait marquant | Impact pour le futur statut |
|---|---|---|
| 2022 | Rapport IGF–CGEDD sur l’« inefficacité croissante » du Pinel | Recommandation d’un mécanisme d’amortissement plutôt qu’un crédit d’impôt |
| Mars 2023 | Lancement d’une mission d’information parlementaire sur l’investissement locatif privé | Diagnostic des freins : complexité fiscale, exigences réglementaires |
| Nov. 2024 | Loi d’orientation logement (« LOGEMENT 2025 ») votée en 1ʳᵉ lecture | Prévoit un statut unique pour les propriétaires non-professionnels |
| Mai 2025 | Remise du rapport final de la mission : 27 propositions |
Axe 1 : amortissement linéaire sur 20 ans Axe 2 : plafond de loyer = 80 % du marché |
| Oct. 2025 | Intégration dans le PLF 2026 (Projet de loi de finances) | Calendrier d’entrée en vigueur fixé au 1ᵉʳ janvier 2026 |
| Janv. 2026 | Entrée en vigueur du statut bailleur privé | Remplace Pinel, Denormandie et Cosse |
À retenir : le statut bailleur privé naît d’un consensus inédit : État, parlementaires, investisseurs et associations reconnaissent qu’un amortissement simple, conditionné à des loyers modérés et à la performance énergétique, est le meilleur levier pour relancer l’offre locative.
| Axe-clé | Exigence proposée | Pourquoi c’est important ? |
|---|---|---|
| Plafond de loyers | ≈ 80 % du loyer de marché local (−10 % à −20 % selon la zone) | Garantir un loyer « abordable » tout en préservant la rentabilité de l’investisseur. |
| Performance énergétique |
Neuf : conformité RE 2020 Ancien : atteindre un DPE A ou B après travaux |
Accélérer la disparition des passoires thermiques et valoriser les biens vertueux. |
| Engagement de location | 6 ans minimum, prorogeable par période de 3 ans | Assurer la stabilité de l’offre locative et la cohérence avec l’avantage fiscal lié à l’amortissement. |
| Typologie de bien | Applicable au neuf et à l’ancien (y compris immeuble entier) | Mettre tous les investisseurs à égalité et stimuler la rénovation. |
| Formalisme fiscal | Dépôt annuel du formulaire 2044-EB + choix du régime réel | Condition sine qua non pour activer l’avantage fiscal et sécuriser le montage. |
À retenir : Pas de loyer modéré = pas d’avantage fiscal ; pas de DPE performant = dossier refusé.
Ces deux piliers sont indissociables du futur statut bailleur privé.
En pratique : un T3 acheté 250 000 € (dont 40 000 € de valeur terrain) permettrait de déduire ≈ 8 400 €/an (4 % × 210 000 €) de vos loyers.
En plus de l’amortissement, restent déductibles :
Ces postes se cumulent avec l’amortissement dans le cadre du régime réel foncier.
Si vous fixez un loyer au moins 15 % sous le marché local :
Résultat :
Pour l’ancien, les dépenses énergétiques (isolation, pompe à chaleur, VMC double flux…) seraient amorties sur 20 ans au lieu de la durée classique (20 + durée du bâti). Cela améliore le cash-flow dès la première année.
| Sans dispositif | Avec statut bailleur privé | |
|---|---|---|
| Loyers bruts (12 mois) | 13 200 € | 13 200 € |
| Charges & intérêts | – 5 000 € | – 5 000 € |
| Amortissement | — | 8 400 € |
| Revenu foncier taxable | 8 200 € | – 200 € |
| IR + PS (30 % + 17,2 %) | 3 886 € | 0 € |
| Économie d’impôt annuelle | — | ≈ 3 900 € |
À retenir : grâce à l’amortissement et à la déduction élargie des charges, le statut bailleur privé peut entièrement neutraliser l’impôt sur vos revenus fonciers… tout en participant à la rénovation énergétique et à la modération des loyers.
| Pilier | Exigence-clé | Risque en cas de manquement |
|---|---|---|
| Loyers modérés | Fixer un loyer ≈ 80 % du marché (décote de 10 – 20 % selon la zone) ; bonus fiscal si –15 % ou plus | Remboursement du trop-perçu au locataire + reprise de l’amortissement et amende DGCCRF (jusqu’à 5 000 € pour une personne physique) |
| Performance énergétique |
• Neuf : conformité RE 2020 • Ancien : atteindre un DPE A ou B après travaux |
Suspension de l’avantage fiscal + interdiction de louer tant que le DPE n’est pas conforme |
| Engagement de location | Louer 6 ans minimum, prolongeable par tranches de 3 ans | Reprise intégrale des déductions + pénalité projetée 5 % des loyers encaissés |
| Formalisme fiscal | Déposer chaque année le formulaire 2044-EB, choisir le régime réel et conserver bail, quittances, DPE, devis | Redressement + intérêts de retard (taux légal) |
| Décence & entretien | Respecter les critères de décence (surface, ventilation, sécurité) et assurer l’entretien courant | Mise en demeure préfectorale, astreinte jusqu’à 1 000 €/jour |
| Critère | Statut bailleur privé | Pinel (fin 2024) | LMNP (location meublée) | Denormandie (ancien rénové) |
|---|---|---|---|---|
| Type de location | Nue (revenus fonciers) | Nue | Meublée (BIC) | Nue |
| Avantage fiscal | Amortissement linéaire 4 %/an sur 20 ans (80 % du prix hors terrain) | Réduction d’impôt (9 % → 14 % du prix) | Amortissement comptable + micro-BIC ou réel | Réduction d’impôt (12 % → 21 % du prix) |
| Durée d’engagement | 6 ans min., prorogeable 3 ans | 6, 9 ou 12 ans | Pas d’engagement, mais réintégration de l’amortissement à la revente | 6, 9 ou 12 ans |
| Plafonds de loyers | ≈ 80 % du marché (bonus si –15 %) | ≈ 70 % du marché | Aucun (mais meublé) | Idem Pinel (zone ciblée) |
| Exigence énergétique | DPE A/B (C si tolérance) | RE 2020 pour le neuf | Aucune spécifique (hors décence) | Travaux ≥ 25 % du prix ; gain DPE ≥ 2 classes |
| Calendrier | Entrée en vigueur 1ᵉʳ janv. 2026 | Derniers achats au 31 déc. 2024 | Régime pérenne mais durci à la revente (réintégration des amortissements) | Prorogé jusqu’au 31 déc. 2026 (art. 72 Loi 2024) |
| Cible principale | Bailleur « classique » voulant louer nue avec visibilité longue | Investisseur neuf en zones tendues | Investisseur recherchant le rendement immédiat du meublé | Investisseur-rénovateur de centres-villes anciens |
La combinaison amortissement + visibilité sur 20 ans fait de la location nue un rival crédible du meublé – aujourd’hui plébiscité pour son régime LMNP. Les analystes de la FNAIM estiment qu’une part des 13 % de meublés longue durée pourrait « rebasculer » vers la location nue dès 2026, parce que l’avantage comptable deviendra équivalent sans la lourdeur de la gestion meublée.
Sur 7,7 millions de logements locatifs privés, environ 1,3 million sont encore classés F ou G. L’obligation d’atteindre un DPE B (ou C après travaux) et l’amortissement accéléré des rénovations devraient injecter ≈ 8 milliards € de travaux par an dans la filière bâtiment entre 2026 et 2030.
Malgré l’apport d’offre, la France part de très loin : le taux de vacance n’est que de 8 % au 1ᵉʳ janvier 2024, et la pénurie de biens disponibles reste aiguë dans les métropoles étudiantes. À Paris, une seule annonce peut recevoir plusieurs dizaines de dossiers en quelques heures.
Conclusion opérationnelle : le statut bailleur privé calmera la flambée des loyers, mais il ne suffira pas à lui seul à résorber la crise du logement neuf sans un rebond significatif de la construction.
Selon la conférence FNAIM « De la crise à la reprise » (janv. 2025), la correction des prix amorcée en 2024 devrait toucher un plancher au 1ᵉʳ semestre 2025, avant une légère hausse (+1 %) au second semestre.
La perspective d’un dispositif fiable pour la location nue est citée comme facteur de reprise, avec un scénario à +6 % de transactions en 2025 (≈ 825 000 ventes).